Claire LECUT, Mouvement et apprentissage, « que sont les réflexes? ».
Les réflexes archaïques sont des mouvements automatiques que l’on observe chez le nouveau-né déclenchés par des stimuli internes/externes spécifiques.
Leur présence est le signe du bon développement du système nerveux et du tonus musculaire du bébé. C’est pourquoi le pédiatre en contrôle systématiquement quelques-uns lors du premier examen à la maternité.
Certains apparaissent pendant la vie fœtale, d’autres pendant l’accouchement, et quelques uns dans les semaines qui suivent. Ils sont essentiels à la survie du nouveau-né (Ex: réflexe de recherche du sein puis celui de succion, etc).
Après leur apparition, chacun de ces réflexes (on en a observé environ 70) a une phase d’activation plus ou moins longue, puis d’inhibition. Ce programme est commun chez l’être humain.
À la naissance, toutes les parties du cerveau sont en place mais ne fonctionnent pas encore pleinement. Si tel était le cas, la taille du cerveau serait telle que le crâne ne pourrait passer dans le canal uterin lors de la naissance. Le nouveau-né va donc devoir « terminer » la maturité de son cerveau dans les mois suivants. Pour que l’enfant puisse se servir de son cerveau comme d’un « outil » à part entière, des connexions entre ses différentes parties doivent être établies.
C’est grâce aux mouvements réflexes de son corps et aux multiples stimuli sensoriels expérimentés à travers le mouvement, que les fibres nerveuses vont pouvoir se développer et former un réseau de communication entre toutes les parties de son système nerveux.
La phase d’intégration se déroule pour la majeure partie des réflexes avant l’âge de 1 an mais elle peut se prolonger jusqu’à 3 ans environ (jusqu’à l’âge d’un an, les connexions du système nerveux se développent à raison de 4,7 millions par minute).
En fait, le schéma réflexe cède peu à peu la place à un mouvement contrôlé et volontaire. Par exemple, le réflexe de grasping (si vous mettez un doigt dans la main du bébé, il ne peut s’empêcher de le serrer fortement), se transforme peu à peu en un mouvement volontaire chez le petit enfant. Celui-ci va progressivement être en mesure de décider s’il souhaite (ou non) prendre/lâcher n’importe quel objet.
Un enfant dont les réflexes ont été suffisamment activés, puis intégrés, ressent un état de sécurité intérieure.
Il a une compréhension mature de lui-même, tant sur le plan physique qu’émotionnel et, par conséquent, une meilleure compréhension des autres et de son environnement. Il renforce peu à peu ses facultés d’adaptation.
Cependant, on a constaté que chez des enfants ou des adultes, certains réflexes, soit ne s’étaient pas bien développés, soit ne s’intégraient pas complètement.
Si certains réflexes ne se développent pas, l’enfant va vite manquer de tonus musculaire, ce qui va retarder son développement moteur, générer un faible réseau de communication entre les parties du cerveau et entraîner des difficultés d’apprentissage.
Si les réflexes se développent mais ne s’intègrent pas au système nerveux, ils vont rester plus ou moins actifs et constituer une gêne pour l’enfant dans l’acquisition des apprentissages : pour reprendre l’exemple du grasping, si celui-ci reste un peu actif, il va peut-être s’ensuivre pour l’enfant une pression excessive sur son stylo, un archet, une raquette de tennis, etc.
Il est essentiel de comprendre que la rémanence de plusieurs réflexes archaïques constitue pour l’enfant ou l’adulte un stress corporel tel qu’il lui est très difficile de se consacrer pleinement à ses objectifs d’apprentissage. Son énergie va être dépensée en premier lieu à l’élaboration de stratégies posturales pour rechercher une sensation de sécurité : ainsi, on peut voir très souvent dans une classe des enfants enrouler systématiquement leurs jambes autour des pieds de leur chaise, ou encore s’asseoir à califourchon avec une jambe repliée sous une fesse, etc.
Ce sont autant de petits gestes automatiques pour « verrouiller » ce corps qui intérieurement a envie de bouger dans tous les sens comme lorsqu’il était bébé afin de créer ce réseau de fibres nerveuses qui lui fait défaut aujourd’hui.
Dans ces conditions, on comprendra que l’enfant n’a pas accès à tout son potentiel d’apprentissage.
« Les réflexes du nourrisson influencent le développement moteur et ce dernier est d’une importance cruciale pour le développement du cerveau, pour les processus mentaux et intellectuels de la vie future de l’individu. Non seulement les réflexes archaïques constituent la base neurologique pour développer le contrôle de nos mouvements, mais ils sont importants car ils nous protègent et nous aident à survivre dans des situations de stress » .S.Masgutova. »
Claire LECUT, Mouvement et apprentissage, « que sont les réflexes? ».